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Pourquoi Biens symboliques / Symbolic Goods ?

Why Biens symboliques / Symbolic Goods ?
¿ Por qué Biens symboliques / Symbolic Goods ?
Le comité de rédaction
Traduction(s) :
Why Biens symboliques / Symbolic Goods? [en]

Texte intégral

1Issus des studios cinématographiques ou des ateliers d’art, de l’édition ou des revues intellectuelles et savantes, les biens symboliques font l’objet d’un nombre toujours croissant de travaux en sciences sociales. Dans le monde francophone, cependant, il manquait encore à ces derniers un espace d’institutionnalisation, de confrontation et de visibilité internationale permettant à la fois de mesurer les progrès accomplis, et de proposer des croisements originaux ainsi que des directions nouvelles. Telle est la raison d’être de Biens symboliques / Symbolic Goods, revue bilingue de sciences sociales à comité de lecture, ayant une vocation interdisciplinaire et internationale.

2Des plus légitimes aux plus ordinaires, les biens symboliques sont produits, échangés et évalués selon des modalités qui échappent en partie aux catégories les plus courantes de l’économie. Cette spécificité justifie la création d’un champ de recherche spécifique en sciences sociales. Mais les biens symboliques participent aussi, plus généralement, de la construction symbolique du monde social. Leur étude, loin de n’être qu’un secteur ou un sous-champ, constitue ainsi un prisme à travers lequel interroger le fonctionnement passé comme présent de l’ordre social et politique, les fondements de sa légitimité et les manières dont il peut être contesté.

3Biens symboliques / Symbolic Goods promeut donc les sciences sociales des espaces intellectuels et culturels attentives à leur spécialisation et à leur autonomie relative. Loin de se cantonner aux formes artistiques et culturelles les plus reconnues, la revue prend pour objet les biens symboliques au sens large dont font partie les idées politiques, les pratiques amateures, les produits des cultures populaires, les productions numériques, les discours médiatiques et les divers éléments constitutifs des styles de vie (vêtements, habitat, nourriture, etc.). La revue porte attention à la matérialité des biens symboliques ainsi qu’aux logiques qui sous-tendent leurs (re-)qualifications et leur (inégale) diffusion. Elle appréhende l’activité culturelle comme une production collective, mettant aux prises des intérêts multiples, sans limiter l’analyse aux traditionnelles figures de l’« artiste », de l’« auteur·e » ou du « scientifique », mais en s’intéressant également aux personnes et institutions qui concourent, sous une forme ou une autre, à la production des biens symboliques, à leur circulation et à leurs appropriations.

Une perspective interdisciplinaire sur les arts, la culture et les idées

4Biens Symboliques / Symbolic Goods accueille des auteur·e·s des différentes sciences humaines et sociales – sociologie, histoire, anthropologie, science politique, sciences de l’information et de la communication, histoire de l’art, littérature, économie, etc. C’est en effet moins l’appartenance disciplinaire que le point de vue et les démarches auxquels les arts, la littérature, les pratiques culturelles ou les idées sont soumis, qui donnent son unité à la revue. Si la réflexion théorique n’en est pas exclue, la revue revendique son attachement au caractère empirique des travaux proposés aux lecteur·rice·s, quels que soient les moyens d’investigation privilégiés (recherche en archives, ethnographie, statistiques, analyse de discours, d’images, etc.).

5Une autre caractéristique de Biens symboliques / Symbolic Goods consiste en l’association de trois domaines de recherche : arts, culture, idées. Paradoxalement, les sciences sociales de la culture, entendues comme analyse des pratiques culturelles, des goûts et de la réception par les publics, occupent encore souvent une place anecdotique dans les revues francophones consacrées aux formes d’expression artistiques. Ces deux domaines se voient moins souvent encore associés à l’étude des intellectuels et des idées. Pourtant, les travaux de sciences humaines et sociales qui abordent ces objets reposent bien souvent sur des problématiques analogues, voire communes. L’objectif de Biens symboliques / Symbolic Goods est ainsi de favoriser les approches transversales entre ces domaines autour de questions fondamentales comme celle de la production de la valeur (artistique, intellectuelle, etc.), celle du fonctionnement spécifique de ces sphères d’activité et des formes de domination qui y sont à l’œuvre, ou encore celle de la production du goût et des idéologies.

Accès ouvert et circulation internationale des travaux

6Biens symboliques / Symbolic Goods est une revue semestrielle exclusivement numérique, offrant à ses lecteur·rice·s un accès totalement ouvert à l’ensemble de ses articles. Ce choix s’inscrit dans la perspective d’une libre circulation de travaux de recherche, réalisés pour l’essentiel sur fonds publics, là où les « bouquets » d’abonnements vendus aux universités et aux instituts de recherche réduisent le lectorat à celles et ceux qui y étudient ou y travaillent, et où les « barrières mobiles » laissent trop longtemps refroidir des travaux qui méritent dès leur parution d’être divulgués et discutés. Le carnet de recherches Hypothèses en ligne [https://bssg.hypotheses.org/​] qui accompagne la revue a pour fin d’enrichir cette circulation en proposant des prépublications ou des informations complémentaires aux articles publiés dans les numéros, et d’organiser le contact entre les comités (de rédaction et scientifique), les auteur·e·s et les lecteur·trice·s. La revue ne s’adresse en effet pas seulement aux universitaires, mais aussi aux professionnel·le·s de la culture, aux enseignant·e·s, aux artistes, et à toutes les personnes intéressées par les thèmes qu’elle aborde.

7Les sciences sociales francophones des biens symboliques souffrent également d’une relative invisibilité sur le plan international en raison notamment de la domination de l’anglais. Publier uniquement en français limiterait drastiquement l’étendue des échanges auxquels la revue entend prendre part. Publier en anglais seulement reviendrait à contourner paresseusement la question du poids de la langue sur la formation des concepts, à entériner sans résistance l’hypercentralité de l’anglais et à exclure de son lectorat celles et ceux qui ne maîtrisent pas suffisamment cette langue. Biens symboliques / Symbolic Goods fait par conséquent le choix de publier, dans les dossiers thématiques ou en varia, des articles en français avec leur traduction en anglais (ou inversement). Publier tous les textes de la revue dans plusieurs langues (français, anglais mais aussi espagnol, pour favoriser une circulation réellement internationale des travaux) reste néanmoins notre objectif. La revue porte, en outre, une attention particulière aux recherches menées en dehors des aires anglophones et francophones.

Structure de la revue et contenu du premier numéro

8Que ce soit en varia ou dans les dossiers thématiques, les articles font l’objet de deux expertises en double aveugle. Dans ce premier numéro, Géraldine Bois et Marc Perrenoud proposent un dossier intitulé « Artistes ordinaires » qui aborde la situation des artistes évoluant sur les degrés inférieurs de la pyramide professionnelle, ni riches ni célèbres, produisant des biens symboliques déclassés et dont la carrière se construit souvent à distance des figures légitimes de la singularité inspirée. Ecrivain·e·s peu reconnu·e·s, artisan·e·s de la musique, comédien·ne·s sans grand succès, ceux et celles qui « font le métier » sans accéder à la consécration représentent une part largement majoritaire dans les espaces du travail artistique.

9Outre le dossier qui donne son thème à chaque numéro, la revue propose plusieurs rubriques originales, qui, chacune, paraîtront dans un numéro sur deux.

10La rubrique « (Re)lire » présente, d’une part, des comptes rendus croisés d’ouvrages récemment publiés sur un même thème, l’objectif étant de promouvoir la discussion entre les disciplines et la confrontation scientifique des travaux issus de (ou portant sur) différents pays. Elle accueille, d’autre part, des réflexions autour de l’histoire et de la réception d’ouvrages majeurs dans nos disciplines et champs de recherche. Il peut également s’agir de donner la parole à des chercheur·se·s dont les travaux ont marqué l’étude de la production ou de la réception des biens symboliques, pour leur permettre de revenir sur leur parcours en interrogeant notamment, dans l’esprit de la revue, les filiations intellectuelles, les conditions de possibilité et modalités concrètes de production de leurs travaux. Dans le présent numéro, cette rubrique accueille une relecture à plusieurs voix du livre Le Savant et le Populaire de Claude Grignon et Jean-Claude Passeron, ouvrage important pour les sciences sociales françaises, mais qui a peu circulé en dehors des frontières nationales. « (Re)lire » propose de recontextualiser la production et la réception de ce livre, et en présente des lectures et appropriations possibles, à partir des contributions d’une dizaine de chercheur·e·s de différentes générations et de plusieurs disciplines.

11Produire une revue bilingue comme Biens symboliques / Symbolic Goods soulève une série de questions, rarement abordées publiquement, sur la traduction en sciences humaines et sociales. C’est pourquoi, dans la rubrique « Traduire », des traducteur·rice·s ou des professionnel·le·s de la culture, de l’enseignement ou de la recherche, habitué·e·s à travailler entre (et avec) plusieurs langues, seront invité·e·s à expliciter leurs choix et leurs manières de faire, et à soumettre leur travail à une analyse réflexive. Cette rubrique nourrit ainsi également à sa manière un objet central de la revue : la circulation transnationale des textes et des notions. Dans le présent numéro, Marie-Pierre Pouly revient sur les réflexions et les choix à la fois linguistiques et épistémologiques qui ont ponctué son travail de traduction de la sociologue britannique Beverley Skeggs, elle-même spécialisée dans l’étude des classes populaires et du genre.

12Autre espace original de réflexion sur la circulation des sciences humaines et sociales, la rubrique « Transmettre » propose des articles et des documents sur l’enseignement, la diffusion hors du monde académique et la mise en débat public des acquis des sciences sociales de la culture et des idées. En s’attachant en particulier à présenter des récits et des analyses d’expériences pédagogiques, la rubrique vise à contribuer à une didactique adaptée à cet ensemble de travaux et aux dispositions des différents publics que ceux-ci peuvent concerner (étudiant·e·s, « grand public », producteur·rice·s culturels…). Dans le prochain numéro, un article de Marc Perrenoud et Pierre-Emmanuel Sorignet présentera un atelier de recherche sur le travail artistique mené avec les étudiant·e·s du Master de sciences sociales à l’Université de Lausanne et qui a abouti à la création d’un spectacle mêlant musique et danse contemporaine.

13Biens symboliques / Symbolic Goods ne souhaite pas seulement s’adresser aux professionnel·le·s de la culture (au sens large) : elle leur ouvre également ses pages dans la rubrique « Métiers » qui accueille des articles, des entretiens ou des tables rondes consacrés aux pratiques professionnelles dans le domaine des arts, des sciences ou de la médiation culturelle. Ainsi, dans le numéro 2, une conservatrice de la Bibliothèque nationale de France expliquera les enjeux et les contraintes de l’archivage du web littéraire.

14Enfin, la rubrique « Regards sur... » que l’on inaugurera également dans le prochain numéro, présente deux types d’articles. Pour que la revue soit un véritable carrefour d’échanges internationaux, y seront publiées des études ou des approches en sciences humaines et sociales sur les arts, la culture ou les idées qui ont été développées à l’étranger mais demeurent peu connues en France. Cette rubrique accueille également les premiers résultats de travaux en cours de réalisation, de chercheur·se·s travaillant à la croisée des disciplines.

15En se donnant pour objet propre la production, la circulation et la réception des biens symboliques, en proposant certaines rubriques qui n’existent nulle part ailleurs et en se donnant les moyens du bilinguisme pour intervenir dans la circulation internationale des travaux, Biens symboliques / Symbolic Goods occupe une place originale au sein du paysage des revues et s’inscrit dans une démarche susceptible d’ouvrir de nouvelles voies dans les recherches sur les arts, la culture et les idées.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Le comité de rédaction, « Pourquoi Biens symboliques / Symbolic Goods ? »Biens Symboliques / Symbolic Goods [En ligne], 1 | 2017, mis en ligne le 15 octobre 2017, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/bssg/80 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bssg.80

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