Navigation – Plan du site

AccueilNuméros2DossierTable rondePrésentation de six bases de donn...

Dossier
Table ronde

Présentation de six bases de données portant sur les arts et la culture

Presentation of six databases in arts and culture
Presentación de seis bases de datos sobre las artes y la cultura
Claire Ducournau et Anthony Glinoer
Traduction(s) :
Presentation of Six Databases in Arts and Culture [en]

Résumés

Pour compléter le dossier en l’ouvrant à d’autres domaines que la littérature, on trouvera ici des présentations brèves de six bases de données conçues dans le cadre de recherches historiques ou sociologiques portant sur les arts et la culture, à partir de réponses à six questions. Ces questions portaient sur la naissance du projet de base de données, la délimitation du corpus, l’ancrage disciplinaire et/ou théorique du projet, les logiciels utilisés, les résultats scientifiques auxquels ces démarches ont permis d’aboutir, ainsi que sur l’accessibilité des bases ainsi constituées. Le caractère pionnier, la rigueur et l’ampleur des projets de recherche qui leur ont donné naissance ont guidé la sélection des bases présentées : la base de données sur les écrivains, les œuvres et les revues littéraires francophones belges du Collectif interuniversitaire d’étude du littéraire (CIEL) ; la base de données ayant servi à l’édition de la correspondance de Pierre Bayle ; la base de données Chronopéra ; la base Manart, consacrée aux manifestes artistiques et littéraires au xxe siècle ; les bases de données en histoire du livre et de l’édition montées par le Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ) ; ainsi que le projet ARTL@S, comprenant notamment une base de catalogues d’expositions.

Haut de page

Texte intégral

1Pour refermer ce dossier, on trouvera ici des présentations brèves de bases de données conçues dans le cadre de recherches historiques ou sociologiques portant sur les arts et la culture, à partir de réponses à six questions reproduites ci-dessous. La sélection des bases de données présentées repose sur une volonté d’ouverture disciplinaire, dans la mesure où elles ne concernent plus seulement la littérature et l’imprimé, mais également les arts plastiques, la musique et le spectacle vivant. L’ambition était d’élargir les domaines abordés pour resituer l’éventuelle spécificité des études littéraires comparativement à d’autres champs disciplinaires.

2Le caractère pionnier, la rigueur et l’ampleur des bases de données constituées, qui s’inscrivent toutes au cœur de projets de recherche ayant déjà abouti à plusieurs publications, ont guidé le choix des chercheur·se·s que nous avons interrogé·e·s. Six projets, à différents degrés d’achèvement, ont été retenus parmi de nombreux autres possibles. Björn-Olav Dozo (Université de Liège) présente la base de données sur les écrivains, les œuvres et les revues littéraires francophones belges du Collectif interuniversitaire d’étude du littéraire (CIEL) ; Éric-Olivier Lochard (Université de Montpellier 3) et Antony McKenna (Université de Saint-Étienne) la base de données ayant servi à l’édition de la correspondance de Pierre Bayle ; Solveig Serre (Centre d’études supérieures de la Renaissance/Centre de musique baroque de Versaille, CNRS) la base de données Chronopéra rassemblant les représentations données par l’Opéra de Paris depuis le xviie siècle ; Camille Bloomfield (Université Paris-XIII), Viviana Birolli (Université Paris-I), Mette Tjell (University of Gothenburg) et Audrey Ziane (Université Aix-Marseille) la base Manart consacrée aux manifestes artistiques et littéraires au xxe siècle ; Josée Vincent (Université de Sherbrooke) les bases de données en histoire du livre et de l’édition montées par le Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ) ; enfin, Béatrice Joyeux-Prunel (École normale supérieure de Paris) nous fait connaître les dessous du projet ARTL@S, en particulier sa base de catalogues d’expositions organisées partout dans le monde aux xixe et xxe siècles, projet qui a pris une envergure remarquable en termes d’interdisciplinarité, d’internationalisation, de travail en équipe et d’objectifs de formation.

Porte entourée de livres

Porte entourée de livres

© ninocare, Licence CC0 Creative Commons (source : Pixabay).

3Les questions posées étaient les suivantes :
1) Comment est né le projet de base de données ?
2) Comment le corpus a-t-il été délimité ?
3) La constitution de la base de données s’appuie-t-elle sur un ancrage théorique et/ou disciplinaire précis ?
4) Quels logiciels avez-vous utilisés pour bâtir l’infrastructure de la base de données, et, le cas échéant, pour son exploitation statistique ?
5) Pouvez-vous donner en exemple un ou deux résultats scientifiques (attendu ou surprenant) obtenus à l’aide de la base de données ?
6) Qu’envisagez-vous pour la pérennité et l’accessibilité de la base de données ?

4D’un projet à l’autre, la méthodologie, le corpus, la problématique de recherche changent, mais les motivations de départ sont généralement proches : insatisfaction face à une accumulation solitaire de données de grande ampleur, volonté d’utiliser au mieux des outils informatiques de plus en plus accessibles et puissants, et attrait pour un travail collectif réunissant développeur·euse·s informatiques, directeur·rice·s de projets et jeunes chercheur·se·s aux spécialités variées. Les rencontres fréquentes de l’équipe, parfois décisives, l’écriture à plusieurs des demandes de subvention, des rapports de recherche, des appels à communication, des articles, etc., ont souvent un rôle séminal pour la conception des bases de données.

5Dans la plupart des cas, a été choisi pour constituer le corpus de départ un objet relativement homogène susceptible d’être rigoureusement délimité, par son existence objective (à l’instar de l’exposition, de la représentation à l’opéra, ou du livre publié), par son cadre historique et géographique (national ou international) ou encore par sa définition (le manifeste). Mais ce choix de départ ne permet de constituer le corpus – même si ses frontières demeureront objet de questionnements – qu’à l’issue d’un travail préalable de saisie et de confrontation d’archives, de sources primaires et secondaires, parfois éparses, disparates et difficilement accessibles (comme les listes de publications canadiennes avant 1960), d’où l’intérêt de leur centralisation.

6Novatrices par rapport aux modèles anthologiques ou monographiques longtemps en vogue dans les disciplines d’origine des concepteurs de ces bases (études littéraires, histoire de l’art, musicologie, etc.), ces démarches ne les ignorent cependant pas, et permettent d’y faire retour de manière critique ; elles sont également l’occasion d’envisager les œuvres artistiques qui en étaient l’objet, comme dans les cas de Manart, de Chronopéra ou d’ARTL@S. Au niveau du cadrage théorique, ces initiatives reposent ainsi le plus souvent sur une interdisciplinarité assumée, établissant des liens avec l’histoire sociale et la sociologie, voire la géographie (pour ARTL@S, qui se singularise aussi par son caractère transnational et décolonial).

7Les logiciels utilisés varient mais les équipes ont de plus en plus opté avec le temps pour des logiciels libres, comme MySQL – le cas d’Arcane, logiciel développé parallèlement au travail sur la correspondance de Bayle, a nécessité ici davantage de développements, utiles pour en mesurer les apports propres.

8Les résultats auxquels les bases contribuent à aboutir imposent de revisiter des chronologies ou des géographies admises (témoignant par exemple d’un changement de nature du manifeste, de plus en plus souvent signé à titre individuel à partir des années 1980), ou de préciser l’importance et la connaissance de certains acteurs culturels, comme ceux que Björn Olav-Dozo nomme ici les « animateurs » de la vie littéraire en Belgique francophone, qui se sont vus identifiés, localisés et étudiés par le CIEL. L’enjeu de ces bases devient ainsi souvent double : patrimonial et scientifique. Mettant en lumière des zones, des ouvrages ou des individus méconnus, les bases de données permettent d’une part de tracer les contours d’histoires artistiques ou littéraires renouvelées, voire « subversives » (selon la formule de Béatrice Joyeux-Prunel) et d’en conserver les archives. Mettant d’autre part des données en série, elles rendent possible leur exploitation statistique ou graphique à partir de différents outils : représentation d’un espace social, analyse de réseaux, géolocalisation par exemple.

9À l’arrivée, l’accessibilité des données accumulées constitue un réel enjeu, nécessitant du temps de travail et donc des investissements financiers. Les différents projets cherchent à rendre leurs résultats publics, là encore dans une démarche conjointement patrimoniale et scientifique. Par la seule mise à disposition du public d’une interface simplifiée avec moteur de recherche, les équipes invitent les chercheur·se·s à s’en saisir pour concevoir ou étudier de nouveaux objets de recherche. Cette accessibilité est souvent pensée en partenariat avec des institutions susceptibles d’en assurer la pérennité (comme la TGIR – Très grande infrastructure de recherche – Huma-Num), et conjointement à la publication d’articles, de thèses et d’ouvrages (c’est le cas du GRÉLQ au Québec et du CIEL en Belgique, par exemple).

10La lecture de ces présentations donnera donc, nous l’espérons, à la lectrice et au lecteur une idée des recherches sociohistoriques menées dans l’espace francophone sur les arts et la littérature au moyen de bases de données.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Porte entourée de livres
Crédits © ninocare, Licence CC0 Creative Commons (source : Pixabay).
URL http://journals.openedition.org/bssg/docannexe/image/222/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Claire Ducournau et Anthony Glinoer, « Présentation de six bases de données portant sur les arts et la culture »Biens Symboliques / Symbolic Goods [En ligne], 2 | 2018, mis en ligne le 12 avril 2018, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/bssg/222 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bssg.222

Haut de page

Auteurs

Claire Ducournau

Université Paul-Valéry–Montpellier 3/Représenter, inventer la réalité, du romantisme au XXIe siècle (RIRRA21)

Articles du même auteur

Anthony Glinoer

Université de Sherbrooke – Chaire de recherche du Canada sur l'histoire de l'édition et la sociologie du littéraire

Articles du même auteur

  • Arpenter la vie littéraire [Texte intégral]
    Les bases de données dans les études sociohistoriques sur l’imprimé et la littérature
    Surveying Literary Life [Texte intégral | traduction | en]
    The Use of Databases in Sociohistorical Studies of Print and Literature
    Paru dans Biens Symboliques / Symbolic Goods, 2 | 2018
Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search